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Créations Castille
24 avril 2011

Pâques

LA RESURRECTION

… Eclairés par les Ecritures, ils le reconnurent à la Fraction du Pain

La résurrection qu'attendaient les disciples et l'entourage de Jésus s'exprime par Marthe (Jn 11, 24) : "Ton frère ressuscitera. Et Marthe répond : Oui, je sais, il ressuscitera comme tout le monde au dernier jour…". Or, Jésus ressuscite ici et maintenant. Et personne n'a vu la résurrection. Quelques témoins, des disciples, ont vu, non pas la résurrection, mais le Ressuscité. Et quand l'évangile essaie de donner des descriptions plus élaborées, ce sont des constructions postérieures, comme la mise en forme du récit des disciples d'Emmaüs.

Ces récits d'apparition du Christ sont déconcertants. Il faut se redire que nous sommes devant une catéchèse qui veut décrire des rencontres de foi... alors que nous cherchons constamment à avoir des preuves visibles et palpables. On emploie d’ailleurs de plus en plus le mot "réel" au lieu d’ "historique". L’Historique caractérise ce qui est connaissable par la science ; réel, ce qui fut d’abord connaissable par la foi et qui a eu ensuite un impact historique : la stupéfiante transformation des apôtres et la naissance du christianisme. Ce réel-là est bien réel. Ceux qui nient la résurrection de Jésus sont très embarrassés pour expliquer ce qui s’est passé après.

Tous les récits d’apparitions sont construits selon un même schéma : les apôtres commencent par douter, puis ils reconnaissent le Ressuscité, et celui-ci les envoie en mission. Le double objectif : habituer les apôtres à une nouvelle présence du Christ pour les envoyer évangéliser le monde entier. Il ne s’agit donc pas simplement d’un super miracle : En vérité, avec cette Résurrection, naît un monde nouveau.

Les apôtres vont découvrir que Jésus est à la fois le même et tout autre. Il les habite désormais plus fortement qu’avant sa mort. Et il leur communique une force extraordinaire : celle de l’Esprit.

Luc attache beaucoup d’importance à cette leçon de catéchèse consacrée aux disciples d’Emmaüs. Pourquoi ? Parce qu’elle implique considérablement le lecteur en étant pour lui d’une actualité et d’une valeur permanente. Nous y retrouvons la vie ecclésiale, avec ses assemblées cultuelles, ses rassemblements qui font l’Eglise, où sont précisément proposées l’explication des Ecritures et la Fraction du Pain. C’est bien là le lieu où le croyant peut reconnaître aujourd’hui la présence du Seigneur ressuscité. Comme l’a écrit un exégète (Charles Perrot), le compagnon anonyme ou innommé de Cléophas porte le nom de chacun des croyants. Le nom de la chrétienne ou du chrétien qui lit ou écoute cette page célèbre.

L’humanité même de Jésus relève désormais du "monde" de Dieu, qui ne peut être reconnu que par les yeux de la foi. C’est donc au Seigneur d’ouvrir les yeux, l’intelligence, le cœur. Dans ce récit, il lève le voile qui est sur leurs yeux, par l’interprétation des Ecritures, puis par la Fraction du Pain. En rappelant ici que les disciples dont il est question ont été déçus dans leur espérance nationaliste et messianique, puisqu’ils attendaient la délivrance d’Israël. Ce qui devait être l’œuvre de Jésus de Nazareth... Désormais, la reconnaissance du Ressuscité se fait à l’écoute de la Parole et en refaisant le geste du dernier souper.

Fraction du Pain et transmission de la coupe de bénédiction entre les frères et sœurs assemblés, manifestent le sens plénier de ce pain et de ce vin : ils sont "donnés pour"... Pour que la communion puisse s’établir entre Jésus et ses amis et entre eux. Plus tard, lorsque ceux-ci referont le même geste et reprendront les mêmes paroles, pain et vin deviendront "signes" qui relient les membres avec la tête, et les membres entre eux, pour faire corps. C’est le rendez-vous de sa présence.

C’est dans ce sens que l’on peut dire que la célébration eucharistique fait l’Eglise. Elle est aussi une rencontre qui est capable d’illuminer toutes les autres rencontres. Ainsi, à l’écoute de la Parole, communiant au Christ et aux autres membres de son corps, nous sommes envoyés pour être les témoins de cet amour en actes et en vérité. Autrement dit, celui auquel nous avons communié est là qui nous attend : J’avais faim, j’avais soif, j’étais malade, nu, étranger, prisonnier... C’était moi, redit Jésus. C’est notre manière à chacun de donner notre vie, d’exprimer notre amour. C’est d’être "bons comme du bon pain". En nous laissant aussi d’une certaine manière rompre comme le pain, donner quelque chose de notre vie, en répondant aux appels, en partageant ce que nous pouvons, en étant utiles aux autres. Entrer dans une dynamique de l’amour.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 - 2008

(extraits d'un triduum pascal prêché au Chant d'Oiseau en 2004)

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